mercredi 16 avril 2008

L'infibulation


A me lire, on pourrait croire que le Soudan est un paradis où les seuls inconvénients sont quelques contrôles policiers débonnaires avec juste la contrariété de la limitation des photos.

Malheureusement, derrière les beautés du Djebel Barkal et des Pyramides que je verrai bientôt, se cachent des réalités souvent insoutenables. Ici les femmes sont non seulement excisées mais infibulées, c'est-à-dire qu'après l'excision du clitoris, les lèvres sont recousues, ne laissant qu'un petit orifice pour le passage de l'urine. Cette opération se pratique sans anesthésie, dans des conditions d'hygiène inimaginables; l'inconfort qui s'ensuit n'est rien à côté de la douleur au moment des relations sexuelles; pour chaque accouchement, il faut couper, et puis recoudre, pour recommencer à l'accouchement suivant. Abdel me dit que désormais les femmes infibulées accouchent à l'hôpital et qu'elles sont "coupées et recousues" dans de bonnes conditions. Faible consolation pour ces pratiques barbares, qui sont désormais (depuis peu) interdites par le gouvernement - mais quel contrôle peut venir à bout de ces traditions cruelles et dépourvues de sens ? Une des conséquences : les nombreux cas de fistules, non soignées, qui provoquent la honte et l'exclusion (si vous ignorez tout de cette maladie, allez voir au dico ou demandez à Delphine).

Abdel me dit aussi que l'infibulation n'est pas généralisée, que certains groupes la pratiquent, d'autres non (comme les Chrétiens).

Je n'ai pas osé lui demander le cas de sa femme...

Illustration : une de ces magnifiques jeunes filles (12 ans) prêtes à marier. On ne peut que rêver qu'elle appartienne à un groupe qui évite cette sombre barbarie.

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