jeudi 17 avril 2008

Drame humain




Tout à coup, le désert cesse, remplacé par des formations rocheuses noires. Nous sommes arrivés près de la cataracte. Abdel veut que je me promène, malgré le vent dément; lui fait une petite pause.


C'est joli, et le prospectus que j'ai reçu de l'agence annonce de "charmants villages nichés au creux des rochers".


Les villages, nous les verrons un peu plus loin: ils sont détruits. L'armée est venue avec des armes abattre ces murs de terre fragiles et expulser les paysans qui vivent ici de toute éternité, cultivant au rythme des crues du Nil. Les familles ont dû s'exiler, et les récalcitrants ont été abattus; on me parle de morts et de blessés toujours à l'hôpital.


Barrage oblige. Ce site millénaire sera recouvert par les eaux dans les prochains mois.


J'ai vu - loin, très loin de là - les villages mis à la disposition des expulsés (no pictures); sortes de villes blanches sans âme, avec l'eau et l'électricité, en plein désert; les paysans ont reçu une petite indemnité en rapport avec le nombre de palmiers qu'ils possédaient. Et ceux qui n'avaient pas de palmiers ? Et quand l'argent sera dépensé ? Rien dans ce désert d'exil, pas un arbre, pas une culture.


Le gouvernement se justifie: le barrage apporte l'électricité, le progrès, la richesse. En oubliant de mentionner le progrès de la désertification.

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