mercredi 16 avril 2008

Le haboob


Avant le lunch, il est prévu d'aller aux pyramides du Djebel Barkal, en voiture, car Abdel decrète qu'il fait trop chaud pour y aller à pied.
Mais les Pyramides sont entourées d'un halo de poussière tourbillonnante, "too dusty", on ira demain décide Abdel.
En effet le vent n'a pas cessé de monter, il est très désagréable, particulièrement autour de la montagne; à El Kurru, c'est raisonnable, mais à notre retour, le Djebel Barkal s'estompe sous un écran grisâtre. Le haboob.
Ce soir-là, je dois lutter contre le vent en traversant le jardin pour me rendre au restaurant; Abdou remballe les lanternes, qui s'éteignent les unes après les autres; Laura s'excuse, peut-être il y aura du sable dans mon dîner ! Le sable qui s'engouffre sous les portes et que Laura tâche de repousser à l'aide de boudins; le vent souffle ououh ououh, on se croirait en Bretagne au bord de la mer.
Et puis coupure de courant: cette fois j'interromps mon repas et je vais dans ma chambre, car j'ai laissé mes chargeurs de batterie sur le sol (les prises sont à ras de terre) et il faut tout calfeutrer me dit Laura. Dehors, c'est la tempête de sable, je ne vois plus Laura qui est pourtant près de moi, l'atmosphère est remplie de sable et le bruit est assourdissant. Dans ma chambre, on enferme tout dans les sacs et les armoires, déjà sur le lit il y a une couche de sable ! Dans la chambre de Laura une fenêtre s'est ouverte et c'est le désastre.
Mon dîner est pourtant servi, juste avec un peu de retard, éclairé par une puissante torche électrique, car le courant ne reviendra pas de la nuit. Laura est désolée pour le standing de son hôtel - elle y tient - mais moi, vous me connaissez, rien de tel que l'imprévu pour me plaire. La nuit sera dure, le vent mugissant sans cesse. Je pense à ceux, nombreux, qui dorment dehors, à ceux qui n'ont qu'un abri de fortune dans le désert, à ce que j'ai lu dans les livres, les chameaux et les humains qui se recroquevillent pour mourir. Et aussi à la famille où je suis allée cet après-midi, qui vivent à même le sable...
Le matin, j'ai du sable partout, dans la bouche, le nez, les oreilles; et ma chambre est un décor pour un documentaire. Au-dehors le soleil brille, le vent n'est plus qu'une petite brise et Abdou balaie le sable dans le jardin...

J'en profite pour aller à pied aux Pyramides (20 minutes de marche dans le sable), et je m'en félicite, car le haboob reprendra vigueur dès la fin de la matinée.

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