dimanche 3 mai 2009

Darfour: du sable et des larmes


Je rouvre ce blog terminé depuis longtemps, parce que je viens de regarder le film de Georges Clooney sur le Darfour. Insoutenable et nécessaire.

J'en ai profité pour revoir les photos de ce voyage; avec le recul, je les trouve exceptionnelles. Je n'ai vu qu'une petite partie du Soudan, celle qui est ouverte (avec parcimonie) au tourisme, celle des vestiges de la glorieuse Nubie, bien mal conservés dans une région qui a vu tant de guerres, de dominations, de destructions. Un pays fermé, fanatisé, maladivement secret, d'où l'on a banni l'alcool, les photos, le bikini, les cheveux des femmes, la liberté de circuler, et où l'armée détruit des villages entiers pour construire des barrages inutiles.

Des guerres du Sud et du Darfour, je n'ai évidemment rien vu, et on ne m'en a parlé qu'avec prudence et circonspection. La forte présence policière exerce un poids malsain dont la conséquence est un étrange malaise. C'est cela la dictature.

Le film de Clooney sur le Darfour m'a arraché des larmes: c'est un témoignage sans fard et une explication très claire de ce conflit aux raisons obscures, qui n'en finit pas, et pourrait durer encore 20 ans... Et alors, comme pour l'Holocauste, nous remplirons les livres d'histoire, et nous déclarerons "plus jamais ça". Pour la quantième fois ? Faut-il répéter ? le Cambodge, la Bosnie, le Rwanda etc etc

Mon message n'est pas très gai ce soir - mais voyager, ce n'est pas fermer les yeux, c'est tout le contraire. Et parler, c'est déjà agir.