J'ai toujours été attirée par les grandes étendues désertiques - la mer n'est-elle pas comme un désert ? (rappelez-vous, enfant, je voulais devenir marin...)
En Europe, le choix est restreint; juste quelques régions peuvent donner un avant-goût : la puszta hongroise, les landes écossaises ou irlandaises, les plateaux des sierras espagnoles. Mais le désert, le vrai, est fait de sable et de cailloux, et quand on l'évoque, on imagine des dunes ondulant sous un soleil implacable, des caravanes de chameaux cheminant de puits en puits, et des Touareg - ou des Bédouins, mystérieux humains survivant dans ces étendues hostiles.
J'ai dû attendre l'année 2003 pour voir mon premier désert, en Egypte. C'était aussi la première fois que je voyageais hors Europe, et en groupe.
Depuis Assouan, une excursion était prévue vers Abou Simbel: ceux qui s'étaient inscrits avaient le choix entre le car ou l'avion. Bien sûr j'ai préféré le car, malgré un départ très matinal, et alors que tout le monde dormait, j'ai ouvert grands les yeux sur ce fameux désert qui se révélait enfin à moi. Pour rien au monde je ne me serais assoupie.
C'était assez décevant; pas de dunes ni de caravanes; je sais depuis qu'il existe toutes sortes de déserts, et que les belles dunes sont parfois difficiles d'accès.
D'Assouan à Abou Simbel, ce ne sont que cailloux formant de petites collines à perte d'horizon; le sable est sale; la route file, toute droite, monotone; et je devinais au delà de ces roches apparentes une vie inconnue qui ne se montrait pas aux cars de touristes escortés par des véhicules militaires(c'était obligatoire pour la sécurité); j'aurais voulu un arrêt de quelques minutes pour fouler ce sable dont j'avais rêvé, mais c'était interdit.
Evidemment on peut aussi parler de désert autour des Pyramides... sauf que le flux ininterrompu de touristes empêche d'y croire vraiment.
J'ai rapporté un petit récipient rempli du sable des Pyramides; il se trouve dans la "chambre africaine"; c'est le témoin privilégié de mes premiers pas dans le désert.
