dimanche 16 janvier 2011

Partition du Soudan




Même si ce blog ne fait pas de politique, je ne peux passer sous silence la création d'un état au sud Soudan. Est-ce la fin d'une longue guerre civile ? Ou le début d'une autre ? Arabes soumis à El Bechir et la charia au nord (et peut-être tentés par la méthode tunisienne ?); Noirs chrétiens et animistes au sud, avec comme président l'homme au chapeau, Salva Kiir. Et entre les deux, le pétrole...


Georges Clooney en première ligne, comme pour le Darfour.


( Le bouc adopté par le cher Georges n'est pas sa meilleure idée, mais cette opinion est tout à fait personnelle)

dimanche 3 mai 2009

Darfour: du sable et des larmes


Je rouvre ce blog terminé depuis longtemps, parce que je viens de regarder le film de Georges Clooney sur le Darfour. Insoutenable et nécessaire.

J'en ai profité pour revoir les photos de ce voyage; avec le recul, je les trouve exceptionnelles. Je n'ai vu qu'une petite partie du Soudan, celle qui est ouverte (avec parcimonie) au tourisme, celle des vestiges de la glorieuse Nubie, bien mal conservés dans une région qui a vu tant de guerres, de dominations, de destructions. Un pays fermé, fanatisé, maladivement secret, d'où l'on a banni l'alcool, les photos, le bikini, les cheveux des femmes, la liberté de circuler, et où l'armée détruit des villages entiers pour construire des barrages inutiles.

Des guerres du Sud et du Darfour, je n'ai évidemment rien vu, et on ne m'en a parlé qu'avec prudence et circonspection. La forte présence policière exerce un poids malsain dont la conséquence est un étrange malaise. C'est cela la dictature.

Le film de Clooney sur le Darfour m'a arraché des larmes: c'est un témoignage sans fard et une explication très claire de ce conflit aux raisons obscures, qui n'en finit pas, et pourrait durer encore 20 ans... Et alors, comme pour l'Holocauste, nous remplirons les livres d'histoire, et nous déclarerons "plus jamais ça". Pour la quantième fois ? Faut-il répéter ? le Cambodge, la Bosnie, le Rwanda etc etc

Mon message n'est pas très gai ce soir - mais voyager, ce n'est pas fermer les yeux, c'est tout le contraire. Et parler, c'est déjà agir.

mercredi 23 avril 2008

Rendez-vous

Lecture terminée ? Rendez-vous pour les prochaines aventures de Virginie sur "Walking Virginie" (voir ci-contre)
et sur American Virginie (voir ci-contre également)

lundi 21 avril 2008

Le mot de la fin







Me voilà arrivée à la fin de mon récit...
C'est le moment d'une... hmm "pertinente conclusion" !
Mes lecteurs me connaissent, je ne me prends pas trop au sérieux, et je ne prétends pas juger un pays et un peuple après quelques jours de visite. Je peux juste témoigner de ce que j'ai vu, et ce que j'ai vu est forcément partiel. Excluons la politique, le sujet délicat, la guerre ou la dictature; il y a d'excellents livres sur le sujet, et je vous renvoie à ceux de Jamal Mahjoub, signalés en début de blog (et qu'aucun de mes interlocuteurs sur place ne connaissait). Dans un autre registre, les descriptions d'Olivier Rolin sonnent très juste.
Le plus frappant, c'est évidemment la pratique généralisée de l'islam (les coptes représentent à peine 5% de la population) - mais je n'ai pas vu le sud chrétien. Dans le désert et les villages, l'islam est comme à ses origines, un ensemble de règles permettant l'acceptation de conditions de vie très difficiles; il est pratiqué avec sincérité et ferveur. Plus on monte dans les catégories sociales, plus il semble formaliste; et s'il ne paraît pas extrémiste, il est en tout cas profondément enraciné dans la vie quotidienne, et fidèlement suivi, non seulement parce que c'est la loi, mais aussi par conviction personnelle. Les femmes ne se cachent pas la figure - et elles paraissent avoir du caractère -mais elles se maintiennent à leur place, modeste et un peu en arrière, et demeurent certainement respectueuses des traditions vestimentaires. J'ai cependant vu quelques femmes au volant, et elles pratiquent certains métiers publics, comme ghaffir dans les sites. Les jeunes tentent de secouer le formalisme ambiant, mais leur contestation n'est pas bien méchante; sans doute leur marge de manoeuvre est-elle étroite; et les masses populaires sont encore largement analphabètes.
Les coopérants sont assez mal perçus, et sans doute trop peu nombreux pour exercer un impact sérieux; par contre le choc culturel avec les Chinois réserve peut-être des surprises !
Les sites archéologiques sont ce que j'en attendais: beaucoup moins spectaculaires qu'en Egypte, mais empreints de mystère et de poésie, dans des lieux ignorés des masses touristiques; celui qui cherche le contact avec lui-même en se confrontant aux antiques civilisations disparues trouvera son bonheur au Soudan. Il faut se dépêcher, avant que la folie des barrages n'ait tout fait disparaître.
Photos: de retour, je raconte; ma petite collection de pyramides en sandstone, et ma tenue royale, souvenir d'un voyage hors du commun.

Dernières mésaventures

Toutes mes infos disent que je dois payer une taxe de 20 dollars pour quitter le Soudan; j'ai donc gardé le précieux billet vert.
Erreur: désormais il faut payer cette taxe en pounds, mais bien sûr j'ai donné les pounds qui me restaient à Abdel; il est 23 heures, le bureau de change est fermé.
Que faire ? Un porteur vient à mon aide, il me change mes dollars, escomptant un pourboire...
Lorsque mon bagage à main passe au scanner, je suis sévérement invitée par la préposée de service à l'ouvrir: l'objet du litige est mon lisseur, un objet dont elle ignore l'usage; me voilà obligée de faire une démonstration au milieu d'un auditoire de porteurs et de curieux. La gloire et une pub gratuite pour Philips.
La suite sera sans histoire, et le vol avec Lufthansa aussi agréable qu'à l'arrivée. A Bruxelles, c'est le choc thermique dans l'autre sens: je grelotte !

Birthday party

Mes fidèles lecteurs l'ont compris: il faut que je voie cette fête de plus près... Je tente donc une entrée discrète, mais je suis immédiatement repérée ! Succès garanti, comme à Meroe. Veulent tout savoir, d'où je viens, ce que je fais, et surtout si j'aime leur musique - me citent des noms d'artistes inconnus, et je dis oui à tout; veulent que je danse avec eux, et je ne me fais pas prier, ils sont enchantés.
Les filles ont tombé le foulard dès l'entrée, sauf une, plus timide, qui reste assise sur sa chaise; certaines ont les bras nus et même un semblant de décolleté; elles portent presque toutes des jeans moulants, ce qu'on ne voit JAMAIS dans la rue.
Je suppose qu'il s'agit de la jeunesse dorée de la ville, celle qui peut se permettre de tels achats.
Folle ambiance - c'est la musique qui veut ça - mais très convenable tout de même; pas de slows langoureux, et aucune trace d'alcool dans les verres ou dans les yeux; on dirait une "surprise-party" des fifties, les années de ma jeunesse, quand les parents étaient présents !
Je reste une petite heure avec eux - le temps passe vite quand on s'amuse; c'est mon adieu à Khartoum et il est fabuleux.
En me récupérant pour me conduire à l'aéroport, Abdel ne sait trop quoi penser - je vais lui laisser le souvenir d'une terrible originale !

La pizzeria Al Hafawa

C'est là que je prends mon dernier repas. La ville est très animée, tous les magasins sont ouverts, le trafic dingue - c'est à cause de la chaleur, dit Abdel, les gens font leurs courses le soir.
Cette pizzeria ne vend pas de pizza, et à vrai dire, je suis la seule à dîner en terrasse, les autres convives boivent du thé en regardant le foot à la TV.
Le garçon est aussi aimable que Fadoul - je peux choisir : fish or chicken ? Enfin du poisson ! Je ne quitterai pas le Soudan sans avoir mangé une perche du Nil *! Méconnaissable, comme le capitaine au Mali, mais savoureux...
Pendant que je mange, un manège m'intrigue: des garçons et des filles, jeans et t-shirts près du corps, entrent et sortent de la salle intérieure du restaurant, et chaque ouverture de la porte livre une musique américaine tonitruante; à vrai dire, le vacarme est assourdissant, les klaxons dans la rue, la TV et le foot, et la musique des jeunes. Impossible de rester indifférent. Abdel m'explique: c'est une fête privée d'anniversaire; il désapprouve: les jeunes filles ne lui semblent pas très convenables. Ah ! la jeunesse !
Je le questionne sur les drogues, et il me dit que c'est comme l'alcool, ça circule sous le manteau, mais que les punitions sont très dures. Il condamne sévèrement tout écart: pour lui la loi est bonne et les jeunes doivent se plier.
*Pas moyen de savoir quel poisson je mange...Est-ce une de ces fameuses perches qui ont provoqué une catastrophe écologique dans le lac Victoria et que je boycotte en Belgique malgré leur prix attrayant ?